L’amiante désigne un ensemble de minéraux (silicates) fibreux. Certaines de ses propriétés comme la résistance au feu et à la chaleur ou encore le pouvoir d’absorption ont incité les industriels à l’employer dans la composition de nombreux produits ou matériaux. Mais l’inhalation de fibres d’amiante s’avère très dangereuse, voire mortelle, pour l’homme car elle provoque des cancers des voies respiratoires ou de la plèvre (mésothéliome) mais aussi des fibroses pulmonaires. Si l’usage de l’amiante est désormais interdit en France et si des procédures existent pour évaluer et maîtriser les risques d’exposition, certaines problématiques restent encore à préciser notamment le cas des fragments de clivage.

Présentation des différentes variétés d’amiante

Il existe différentes variétés d’amiante. La chrysotile (amiante blanc), le crocidolite (amiante bleu), l’actinolite, la grunérite (amosite), l’anthophylitte et la trémolite sont notamment les variétés qui ont été les plus utilisées et qui sont recherchées lors des repérages sur les enrobés routiers. Il faut cependant faire la distinction entre les amiantes dits asbestiformes qui génèrent des émissions de fibres d’amiante et les amiantes non asbestiformes qui, sous certaines contraintes, vont produire des fragments de clivage, c’est-à-dire issus d’une action mécanique comme le broyage ou le concassage. Dans ce second cas, on parle d’amiantes amphiboles comme la grunérite, la trémolite ou l’actinolite. Si les fragments de clivage sont généralement plus gros que les fibres, la différenciation entre ces deux types de dégradation de l’amiante est extrêmement difficile d’autant plus que certaines variétés amphiboles comme l’actinolite peuvent parfois être asbestiformes.

Les effets des fragments de clivage sur la santé

À ce jour, nous ne disposons d’aucune étude scientifique permettant d’établir avec précision les effets réels des fragments de clivage sur la santé humaine. Cependant, plusieurs travaux ont permis de constater qu’ils ne sont pas sans conséquence. Leur dangerosité serait tout d’abord directement liée à leur aspect plus ou moins fibreux : plus le rapport entre la longueur et le diamètre est grand, plus les risques sanitaires sont importants. Par ailleurs, le seuil de toxicité et le niveau d’exposition maximum doivent être précisés afin d’être en mesure de mieux maîtriser ce danger.

Fragments de clivage et fibres d’amiante : une distinction trop imprécise

Selon la norme NFX 43-050 servant de référence pour déterminer la concentration en fibres d’amiante, on définit une fibre par sa morphologie, sa structure cristalline et sa composition chimique. Or il s’avère que les fragments de clivage peuvent parfois être considérés comme des fibres et parfois non, la norme ne permettant pas de les différencier avec suffisamment de précision. Cette assimilation est la cause d’une grande confusion pour les responsables de chantier routier. En effet, les formes amphiboles se retrouvent naturellement dans les granulats de roches utilisés pour la fabrication des enrobés routiers alors que les autres formes d’amiante, comme la chrysotile, ont été ajoutées pour servir de liant et augmenter la résistance des couches de roulement à l’origine. Cependant avec le temps, les couches supplémentaires appliquées ou les remplois, la présence d’amiante chrysotile concerne désormais plusieurs couches. Lors des repérages amiante sur les enrobés routiers, il n’est donc pas toujours possible de distinguer si les ouvriers vont être exposés à des fibres ou à des fragments de clivage alors que les mesures de prévention ne s’appliquent que pour les premières. 

Que faire en cas de présence de fragments de clivage ?

La présence de fragments de clivage, notamment de l’actinolite, sur un chantier n’active pas la réglementation amiante et donc il n’est pas obligatoire de faire appel à des entreprises certifiées pour effectuer les travaux. Cependant, en application du principe de précaution, de nombreux maîtres d’ouvrage préfèrent minimiser les risques en considérant les fragments de clivage comme des fibres d’amiante quitte à retarder leurs chantiers de plusieurs mois. En effet, les conséquences sanitaires sur les ouvriers n’étant pas encore clairement établies, il est préférable de prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer de leur protection.

Propriétaires ou syndicats de copropriétaires d’immeubles collectifs construits avant le 1er juillet 1997, constituer un Dossier technique amiante est obligatoire. Avec, apprenez-en plus sur cet outil d’information et de suivi du risque amiante !