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Incendie de l’usine Lubrizol : un rapport qui révèle des zones d’ombre

18/06/2020

La commission d'enquête sénatoriale chargée d’évaluer l’intervention des services de l’État dans la gestion des conséquences environnementales, sanitaires et économiques de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen déplore des manquements graves qui nuisent à l’efficacité des mécanismes de prévention des accidents industriels et formule un ensemble de recommandations pour une meilleure prise en compte des risques.

Une amélioration nécessaire de la politique de prévention des risques industriels et de contrôle des ICPE

Le premier enseignement tiré de l’accident de Lubrizol est un manque cruel de culture du risque industriel à tous les niveaux, c’est-à-dire auprès des populations mais aussi des élus locaux dont près des deux tiers reconnaissent leurs lacunes en la matière. La préparation de tous, décideurs ou simplement personnes exposées, se révèle donc insuffisante même si l’organisation de la gestion de crise n’est pas, en elle-même, à remettre en cause. Ce qui pose en revanche problème, c’est bien la capacité des services publics à accéder à une information fiable. La commission rappelle ainsi la difficulté rencontrée par l’administration à connaitre « en temps réel […] la localisation et la composition des produits stockés » sur un site pourtant classé Seveso. C’est pourquoi, le rapport rappelle la priorité de « rendre obligatoire un état des stocks précis et à jour ». Il apparait aussi urgent d’achever la formalisation des plans de prévention des risques industriels (PPRi), 20% des communes concernées par un plan communal de sauvegarde (PCS) n’étant pas encore dotées.

Par ailleurs, le rapport stigmatise un manque de moyens affectés à la surveillance des installations classées pour la protection de l’environnement : réduction des effectifs dans les services chargés de la police des ICPE incompatible avec l’objectif d’une augmentation des contrôles de 50% d’ici 2022, crédits pour la prévention des risques technologiques en baisse depuis plusieurs années, etc. Ces insuffisances se traduisent par un message « d’indulgence des pouvoirs publics vis-à-vis des industries ».

Un système d’alerte dépassé

Si les services de l’État ont eu du mal à appréhender la réalité des risques, ils ont également été défaillants en matière d’alerte des populations ce qui nécessite, selon le rapport de la commission d’enquête, de revoir la doctrine de communication de crise de l’État. À trop « vouloir rassurer à tout prix », les services ont perdu l’objectif principal, à savoir « informer le plus clairement possible et en temps réel, quitte à adapter la communication publique en fonction du déroulé des événements ». Les sénateurs préconisent également le recours à des outils d’alerte plus modernes avec notamment la mise en place d’un système de cell broadcast (ou diffusion cellulaire) qui permettrait d’envoyer, via un réseau de téléphonie mobile, le même message à tous les abonnés inscrits à l’intérieur d’une zone géographique donnée.

Des conséquences sanitaires et environnementales mal évaluées

La mauvaise préparation des services de l’État à la gestion d’un risque industriel se traduit tout naturellement par de graves défaillances à assurer un suivi sanitaire et environnemental pertinent en cas d’accident. Si, fort heureusement, l’incendie n’a provoqué aucun décès ni même de blessé direct, mesurer l’impact de l’accident à moyen et à long terme se révèle hasardeux. Une enquête sanitaire des populations, sur le long terme est certes bien prévue, mais elle ne permettra que de constater et non d’identifier les risques au plus vite comme il aurait fallu le faire. Ainsi, les sénateurs affirment « qu’il est impossible de se prononcer de manière définitive sur l’impact sanitaire de l’incendie Lubrizol, au vu des seules données récoltées dans le cadre de la surveillance environnementale, ces dernières étant totalement ou partiellement inexploitables ». Cela vaut tout autant à court terme pour les produits chimiques (benzène, dioxines et furanes), qu’à long terme pour les fibres d’amiante présentes dans les toitures en fibrociment sinistrées et diffusées par le panache. Sans connaissance exacte de la pollution environnementale générée par l’incendie, le rapport s’interroge sur la justesse de certaines décisions comme la levée de l’interdiction de commercialiser le lait produit dans plus de 200 communes potentiellement touchées moins de 15 jours après le sinistre.

Une communication et une diffusion de l’information à mieux maitriser

La commission s’est également intéressée au « bruit médiatique » provoqué par l’accident et à la prise en compte de nouvelles formes de diffusion de l’information par le biais des réseaux sociaux avec notamment plus de 200 000 tweets recensés en 24 heures. Une situation inédite pour ce genre d’accidents mais qui oblige à repenser la communication de crise de la part des services de l’État afin de répondre à « la défiance de la population à l’égard de la parole publique » et de pallier à la « très forte anxiété des citoyens par rapport aux conséquences sanitaires de l’accident ». Le rapport précise que « les retards constatés pour contrer les fausses informations véhiculées par les réseaux sociaux ont alimenté l’angoisse de la population quant aux dommages causés par l’accident sur leur santé ». Mais pour cela, encore aurait-il fallu que les pouvoirs publics disposent d’informations fiables pour communiquer en toute transparence et mieux lutter contre les fake news !

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